Hello à tous·tes !
Notre carte collective pour le mois de mai est… lae Cavalier·ère de Coupes !
En tirant cette carte, je ne vous cache pas que je n’étais pas mécontente de tomber sur une carte de rêverie et de poésie, parce qu’après la visite de la Tour puis du 5 de Pentacles ces derniers mois… Je veux dire, c’est bon là non, est-ce qu’on peut me laisser écrire des trucs joyeux svp ?
Astrologiquement, on vient de se faire rouler dessus par les planètes. Entre les rétrogrades, la saison des éclipses et les différents transits majeures qui avaient lieu ces dernières semaines, on peut dire que l’ambiance était plutôt intense et… challengeante. Heureusement, les semaines qui viennent s’annoncent plus tranquilles : on est rentré dans la saison du taureau le 19 avril, un signe de terre, de sensualité et d’ancrage qui on espère nous amènera un peu de répit.
Lae Cavalier·ère de coupes est une bonne carte pour nous accompagner dans cette saison (et pour me permettre de prendre ma plus belle plume de lycéenne devant son journal intime) : c’est une carte romantique et passionnée, qui nous invite à vivre toutes nos émotions avec intensité, à nous laisser inspirer par la beauté de ce monde, à utiliser notre imagination pour atteindre notre idéal.
Une invitation à courir dans des champs de blé au ralenti et à écrire des vers passionnés à notre crush, en gros. Ça tombe bien, c’est le printemps, les oiseaux chantent, le soleil brille, et on a bien besoin de rêver un peu, non ?
Croire en quelque chose, c’est cool
Parce que cette carte est liée à l’amour et aux relations d’un côté (les Coupes) et à la passion et à la fougue de l’autre (les Cavalier·ère), ce personnage est souvent réduit à l’archétype du séducteur, du Don Juan, le fameux prince charmant des contes de fées. Un nouvel exemple des stéréotypes de genre qu’on peut trouver dans le tarot, et du manque de subtilité souvent présent dans les interprétations classiques…
S’il y a bien quelque chose de l’éternel·le romantique, de lae poète·esse exalté·e (voir de l’adolescent·e émo torturé·e) dans cette carte, cette énergie ne s’applique pas seulement à la sphère relationnelle (ni au genre masculin…) !
D’ailleurs, quand on parle de romantisme, on peut aussi penser au courant culturel du même nom apparu à la fin du 18e siècle en Europe. Je paraphrase un peu wikipédia pour cette petite leçon d’histoire : le romantisme se développe en réaction à l'idéologie rationnelle des Lumières, dans un climat de répression politique post révolution française et de naissance du capitalisme. Une période bercée par la désillusion, où les jeunes artistes rêvent de liberté, de gloire et d’idéal.
Ces dernier·es donnent à voir leurs émotions dans leurs créations, dont les thèmes phares sont la nature, le mystère, le rêve, le sublime… Le romantisme se caractérise aussi par un refus des règles classiques et une recherche constante d’idéal, d’un ailleurs, avec de nombreuses représentations de l’image du poète visionnaire et mystique, qui voit au-delà de l’apparence des choses.

Ainsi lae cavalier·ère est bien un·e romantique, mais dans le sens d’un·e idéaliste qui suivrait sa vision jusqu’au bout du monde. Ce personnage sur son cheval avance en tenant devant ellui une coupe, qui semble lae guider plus que l’inverse : c’est son cœur, qu’iel vient d’un même geste suivre et offrir au monde.
On pourrait par exemple voir en ellui Martin Luther King qui prononce son célèbre discours I have a dream, ou encore Greta Thunberg au sommet de l’ONU sur le climat en 2019 (avec ce how dare you qui résonne encore). Iel évoque une ferveur et une passion qui rappellent celles des prophètes et des mystiques, choisi·es pour transmettre un message et accomplir une mission. Une idée renforcée par les ailes sur son casque et ses pieds dans le Rider Waite Smith, qui évoquent celles d'Hermès, le messager des dieux dans la mythologie grecque : ce personnage est mû par une énergie divine.
Sans tomber dans le prosélytisme, nous avons tout à gagner à nous relier à notre tour à cette énergie puissante et inépuisable, à une dimension spirituelle qui nous fait nous sentir connecté·e à quelque chose de plus grand que nous et nous pousse à nous décentrer de notre individualité et à agir pour le collectif. Nous avons tout à gagner à croire en quelque chose.
Mais parce que nous vivons dans une société rationaliste et matérialiste, les personnes croyantes et les idéalistes sont souvent considéré·es comme naif·ves, crédules ou surperstitieux·ses. Pourtant selon moi, la spiritualité a plus que son rôle à jouer dans les luttes : si on ne croit en rien, pourquoi est-ce qu’on se bat ?
Puisque Dieu est mort et que le nihilisme est cool, c’est facile de tomber dans une sorte d’apathie et de cynisme, que je vois très souvent autour de moi, chez des ami·es où dans les cercles de gauche, où l’on se bat plus “contre” que “pour” quelque chose. En nous amenant à nous relier à la beauté du vivant et à la magie de cet univers, la spiritualité donne un sens à nos combats et une bonne raison de lutter.
Lae Cavalier·ère de coupes n’a pas peur du ridicule, du jugement des autres, de paraître “trop impliqué·e”. Artiste, sorcière ou militant·e, Iel prend sa mission à cœur, parce que sa mission le mérite. Iel nous invite à ignorer la moquerie et le sarcasme, à revendiquer notre côté sensible, intense, voir spirituel, à y puiser de l’énergie et de l’inspiration pour faire passer notre message et agir dans le monde.

Le mythe de la raison vs l’émotion
Le mot émotion vient du latin emovere qui signifie « mettre en mouvement » : elles ont littéralement pour but de nous mettre en action vers notre idéal, si seulement nous les laissons faire.
On a pourtant tendance à considérer qu’elles sont des obstacles qui nous empêchent d'être efficaces et constructif·ves afin d'atteindre notre but, contrairement à la raison. Une idée qui remonte jusqu'à l'antiquité et à Platon qui utilisait la métaphore d'un cavalier sur son cheval : le premier représentant notre raison et le deuxième nos émotions, qu'il s'agissait de maîtriser pour le faire aller dans la direction de notre choix !
Les neurosciences ont depuis longtemps montré que cette dichotomie était plus une construction culturelle qu'une réalité biologique : les processus cognitifs et émotionnels sont intimement liés et interdépendants. Un cas célèbre en neurosciences illustre bien cette idée : celui d’un patient nommé Elliot, étudié par le neurologue Antonio Damasio, dont il relate le cas dans son livre « L’erreur de Descartes ». Suite à une lésion dans le cortex préfrontal, Elliot perd sa capacité à ressentir les émotions : il devient alors incapable de prendre des décisions simples et devient indifférent, apathique et sans motivation. Perdre ses émotions ne l’a pas rendu plus efficace, au contraire.
Les émotions sont essentielles à la prise de décision, la logique sans la passion paralyse plutôt qu’elle ne clarifie, car on est incapable de connecter à notre “oui” et notre “non” intérieur. Ce n’est pas la tête contre le coeur : c’est les deux ensemble qui nous permettent d’avancer, de décider, de vivre ! Notre Cavalier·ère de coupes, contrairement à cellui de la métaphore de Platon, ne cherche pas à contrôler quoi que ce soit mais ne fait qu’un·e avec sa monture, et c’est justement ça qui lui permettra d’atteindre son but.
(J’ai connu ce cas grâce au livre Neuromania - Le vrai du faux sur votre cerveau de Albert Moukheiber, et honnêtement, je trouve que toutes les personnes qui évoluent dans le monde du bien-être et du développement personnel devraient le lire. Il vient déconstruire de nombreuses idées reçues et discours, comme cette idée de cerveau gauche et cerveau droit, le mythe de la raison contre l’émotion).
Pour la beauté du geste
Vous l’avez compris, cette carte nous pousse à lâcher les rênes de notre imagination, à suivre notre cœur et notre vision, à revendiquer notre idéalisme.
Il existe un risque évidemment ici : celui de finir déçu·e, quand la réalité n’est pas à la hauteur de nos fantasmes. Donc attention à ne pas confondre un idéal sublimé avec un objectif absolu, car ça reviendrait à chercher quelque chose qui n’existe pas. J’aime bien le répéter : l’utopie n’est pas faite pour être atteinte, elle est par définition irréaliste, et constitue une carte pour orienter nos pas.
Il existe un plaisir en soi à rêver, à sentir son cœur qui se gonfle, cette ivresse du sentiment, dont parle les poètes. C’est aussi ce qui nous fait tenir, ce qui met de la beauté et du plaisir dans nos vies. Donc oui, autorisons-nous à être intense et passionné·e avec ce qui nous tient à cœur, mais souvenons-nous que si le prince charmant n’existe pas, un monde parfait non plus.
Dans le tarot, les cartes de la cour (Valet, Cavalier·ère, Reine et Roi) ne nous parlent pas de situation concrète, mais de façon de se sentir, de traits de personnalité ou de comportement. Lae Cavalier·ère est en mission, décidé·e à transformer le monde en lui ouvrant son cœur, mais comme le dit la célèbre expression, l’important c’est le voyage, pas la destination.
Comment incarner lae Cavalier·ère de Coupes ce mois-ci ?
Romançons notre quotidien, vivons chaque émotion pleinement, aimons de tout votre coeur : qu’il s’agisse de pleurer sur notre musique préférée, de refaire le monde avec des amie·s, d’écrire une lettre d’amour ou d’entreprendre un voyage initiatique, allons-y même si ça n’est pas raisonnable, SURTOUT si ça n’est pas raisonnable.
Autorisons-nous à croire en quelque chose qui fait battre notre coeur : à l’amour, au bonheur, à la liberté. À un monde juste et joyeux. Même si ça parait naïf ou ridicule, il n’y a rien de plus puissant qu’une émotion pour faire changer le monde.
Cavalier·ère de Coupes moodboard
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Bon mois à tous·tes, et prenez soin de vous !
merci pour les bonnes vibes Mathilde !
Cette lettre est géniale ! Merci Mathilde. Je vais la relire plusieurs fois, très juste et son atmosphère est juste...mmmm trop bien.